La personne que je voudrais être est une emmerdeuse
La personne que je voudrais être est altruiste et généreuse. Elle sait se réjouir du bonheur des autres sans se comparer à eux. Elle sait sourire et éclater de joie avec sincérité lors de l’annonce d’une grossesse dans son entourage, alors qu’elle-même désespère de devenir mère un jour. Elle n’a pas de rancœur tapie tout au fond de son cœur, ne ressent pas de haine ni ne connaît la jalousie.
La femme que j’aimerais d’être a confiance en elle, en ses capacités et en sa bonne étoile. Elle tient toujours le coup quand tout va mal, elle sait rester optimiste et sereine. Elle ne se laisse pas démonter par les mauvais parleurs et ne file pas sur chercher des réponses sur Internet dès qu'une inquiétude pointe le bout de son nez. Les paroles blessantes glissent sur elle comme du sable fin. Elle se fiche de savoir ce que les autres pensent, elle a foi en ce qu’elle est.
La mère que je rêverais d’être t’attendrait patiemment, relèverait toujours la tête, serait toujours prête à se battre pour toi. Elle n’imaginerait pas une seconde que tu puisses ne jamais te blottir dans la tiédeur de ses bras. Elle serait toujours pour toi un phare dans la nuit, une terre accueillante et généreuse, une épaule solide contre laquelle t’appuyer.
Mais voilà, moi je ne suis rien de tout cela. Pas zen pour un sou, je panique à la vitesse de l'éclair, je me rends malade de peur en allant chercher des réponses sur Google, je préfère voir les choses en noir pour me protéger du malheur, j'ai des insomnies, je me ronge les ongles, je traîne parfois en pyjama toute la journée, je mange pas équilibré, je fais pas de sport, j'appelle pas ma mamie, je procrastine à mort... Alors parfois, dans les moments les plus sombres, je me dis que je ne suis pas digne de la petite étoile qui m'a fait l'honneur incroyable de se loger dans mon ventre. Je me dis que ce doit être une petite étoile sacrément téméraire pour faire confiance à une maman aussi imparfaite. Et puis dans la seconde qui suit, je me dis que j'emmerde prodigieusement cette épouvantable raseuse que je voudrais être.
Je suis comme je suis, comme l'écrivait Prévert. Et c'est déjà pas mal.