Pour mon grand retour sur la blogosphère, j’ai décidé de traiter d’un sujet grave, sérieux, avec lequel il ne faut pas rigoler : notre petite culotte. Ou plutôt la relation d’amour / haine, de fascination / répulsion qu’entretient toute femme avec ses slips, tangas ou autres shorties lors des essais bébé classiques, d’un parcours en assistance médicale à la procréation, puis lors d’une grossesse. Que du glamour quoi.
Je m’explique.
Le désir d’enfant ou les débuts de l’addiction
Tout commence le jour merveilleux où, des étoiles plein les yeux, un couple jeune, beau et plein d’avenir se dit avec des trémolos dans la voix : « Et si on faisait un bébé ? ». A ce moment précis, sans que l’on s’en doute un seul instant, vient de s’enclencher un mécanisme fatal qui va nous rendre, nous les filles, et parfois même un peu nos hommes, accrocs à la vérification de petite culotte pendant au mieux des mois, au pire des années.
On arrête la pilule. Pour que le bébé tant attendu pointe le bout de sa frimousse, il faut bien évidemment viser juste, c’est-à-dire faire touktouk (merci Miss Faithful pour cette choupinette expression) au moment de l’ovulation, enfin juste avant. Et comment fait-on pour savoir quand on ovule hein ??? Je mets au défi toute fille qui n’a jamais fait d’essais bébé d’en repérer les signes annonciateurs. Heureusement les laboratoires pharmaceutiques ont pensé à nous et concocté des tests d’ovulation. Super, y’a plus qu’à faire pipi sur la languette et attendre le verdict, en plus ça nous entraîne aux tests de grossesse. Sauf que les tests d’ovulation ça coûte cher, c’est rébarbatif (faire pipi plusieurs jours de suite sur la languette on a quand même autre chose à faire), c’est tue-l’amour (« Chéri, garde ton caleçon, faut que j’aille voir si j’ovule »). Passe encore quand on tombe enceinte rapidement. Mais par ici, vous le savez bien, ce n’est pas vraiment au programme. Et quand on attend des mois, puis des années, on jette ces foutus tests à la poubelle.
Et alors comment fait-on pour savoir qu’on ovule ??? C’est tout simple, il suffit de surveiller sa petite culotte religieusement. Et c’est là que le glamour et la séquence éducative commencent. Parce que, quand on va ovuler, normalement, on retrouve dans ses fonds de slip une merveilleuse glaire transparente et élastique. Celle-là même qui va aider les petits spermatozoïdes à remonter tout le bordel féminin jusqu’à l’ovocyte. Une fois qu’on a compris ça, on est foutu, on est définitivement accroc à la vérification maladive de ses fonds de culotte.
Après, il y a aussi l’attente des règles ou des non-règles : va-t-on être enceinte ce mois-ci ? Et qui sera la première à nous annoncer la mauvaise nouvelle hein ? Ben voui notre petite culotte, qu’on commence sacrément à détester.
Ensuite, il y a les doutes entre deux FIV. Personnellement, j’ai eu le bonheur de ne pas connaître ça. Mais combien de filles ont connu les dérèglements liés aux traitements hormonaux (n’oublions pas qu’une FIV c’est au minimum 2 picouzes par jour pendant 15 jours) ? Après avoir subi le verdict négatif du test de grossesse, vient le questionnement : est-ce que j’ai mes règles ou non ? Comprenez : est-ce que les traces jaunes, marron, orangées que j’admire sur le coton ou la dentelle de mon slip sont bien des règles ? Oui c’est glamour, je vous avais prévenu.
La grossesse ou l'aggravation de la psychose
Il ne faut pas croire qu’une fois enceinte le psychottage de fond de culotte s’arrête. Car c’est encore pire. Perso, j’ai dû passer des heures aux toilettes les premières semaines à aller vérifier si je n’avais pas de pertes de sang.
Puis l’angoisse des pertes de sang passe un peu mais il y a les autres pertes. Et on se retrouve à aller voir sur Google si d’autres filles ont, comme nous, eu des pertes jaunâtres-orangeâtres-brunâtres à 8 semaines de grossesse, 3 jours, 4 heures et 52 minutes…
Passé le premier trimestre, on se détend un peu et on lâche un peu sa petite culotte. Mais quand même docteur, c’est normal ces tâches blanchâtres-transparentes-et-visqueuses ??
Et là, alors qu’on commence à peine à faire la paix avec ses dessous, voilà qu’on rentre dans le 9ème mois de grossesse. Et là, au cours de préparation à l’accouchement, la sage-femme nous parle de la fissure de la poche des eaux. Késako ? Ben, en fin de grossesse, on perd les eaux c’est bien connu. Parfois on les perd pendant l’accouchement, parfois à la maison, dans le bus, au restaurant, dans la rue. Bref n’importe où. Quand il s’agit d’une rupture nette et franche, ça dégouline et ne laisse pas place au doute. Direction la maternité.
Mais il arrive aussi qu’il y ait une fissure de la poche des eaux. Et la fissure c’est une vraie saloperie, une vraie vicelarde qui nous fait renouer brutalement avec notre addiction à la vérification de fond de culotte. Car la fissure peut se manifester par de petits écoulements discrets. Comme des gouttes d’eau. Et dans le doute, il vaut mieux aller vérifier auprès d’une sage-femme.
Résultat sur une anxieuse comme moi : 4 jours après le cours où on m’a parlé de la fissure, j’étais à la maternité. Docteur, j’ai eu de grosses pertes ce matin, pas comme d’habitude. Et là on ne se fout pas du tout du tout de votre poire au contraire : on vous demande des détails. Est-ce que les pertes étaient liquides ? Blanches ? Transparentes ? Visqueuses ? Régulières ? Isolées ? Colorées ? Votre slip était-il trempé ou juste légèrement humide ? Et malgré des mois d’expérience, on ne sait pas toujours quoi répondre !
Heureusement qu’à la maison on a montré notre culotte… à notre mari… ! « Chéri, tu veux pas me dire ce que tu penses de mes pertes ? » Et la honte suprême c’est d’avoir le mari qui répond aux questions à votre place : « Non, non c’était pas visqueux je vous le garantis, je l’ai vu de mes propres yeux ».
Voilà à quoi mène la psychose du fond de culotte : à une disparition totale de la moindre pudeur entre un homme et sa compagne (sans compter les innombrables fois où le mari a assisté aux écho et autres touchers vaginaux de sa femme, mais ça c’est une autre histoire).
Mais je vais vous dire : je m’en fous. Jusqu’à la fin de la grossesse et si j’ai encore des doutes, je materai religieusement mes fonds de culottes et les montrerai à mon prince charmant si besoin. Et puis après, j'aurais d'autres fonds de couche à regarder avec amour. L'addiction n'a pas de fin.