Ma bonne étoile m'a fait un signe
Aujourd'hui, je ne vais pas vous le cacher, j'ai été triste, triste à en mourir. J'avais le moral tout ratatiné dans mes mi-bas. Parce que depuis hier soir, voilà, je sens que ma bonne étoile m'a quittée. En fait hier, dès le réveil, je me suis sentie toute vide, comme désertée, alors que les jours précédents encore, je me sentais pleine d'un quelque-chose indéfinissable. Donc hier matin, je me réveille, et c'est comme si j'étais seule à nouveau. Et puis, il faut le dire, il y a tous ces vilains signes que le sexe féminin ne connaît que trop bien : les douleurs dans le bas ventre, les boutons qui éclosent sur le visage, les crises frénétiques d'activité (ranger, laver, lessiver, repasser...) et... le moral qui baisse. Alors, tous ces signes, quand vous vous les prenez dans la gueule de bon matin, alors que tout ce que vous désirez sur cette terre c'est de ne plus en entendre parler pendant 9 bons mois, et bien ces signes, pour le dire simplement, ils vous anéantissent.
C'est donc anéantie que je retourne au travail ce matin, que je n'arrive même pas à aller saluer mes collègues-amis que j'aime énormément, que je prie pour que personne ne me demande si je vais bien. Parce que non, je ne vais pas bien, pas du tout, ma vie est foutue, je suis si triste, vous comprenez, ma bonne étoile m'a quittée. Heureusement, je ne croise pas trop de monde, je reste terrée dans mon bureau à essayer de m'y remettre, de me remotiver. Mais sincèrement comment voulez-vous que je fasse pour travailler moi sans mon étoile pour m'encourager ?
La journée est une épreuve. Quand même je dois dire que je suis vernie dans mon malheur car une bonne fée (je reparlerai plus tard de toutes mes bonnes fées et de combien elles comptent pour moi) m'a pris sous son aile pendant l'heure de déjeuner. Stoïquement, elle a supporté le spectacle de la copine en larmes qui se mouche et renifle tout le repas entre deux bouchées de riz cantonnais et de beignets à la banane. Mais même ma bonne fée n'a pas réussi à me faire retrouver le sourire.
Le soir est arrivé. Avant de rentrer chez moi m'effondrer en sanglots sous ma couette (chose que j'ai attendue toute la journée), il me faut encore passer chez l'infirmière pour qu'elle rajoute un bleu à la magnifique collection qui décore mes deux bras. Je me rends compte que j'ai aimé toutes les piqûres de la stimulation. C'était des piqûres de joie, des piqûres optimistes. Celle d'aujourd'hui me paraît inutilement douloureuse et triste.
Dans la journée, j'ai essayé d'y croire encore. Et j'ai secrètement demandé à ma bonne étoile de me faire un signe. Même tout petit, tout riquiqui. Je me suis dit, s'il y a un signe quel qu'il soit alors il faut que j'arrête de désespérer, que je relève la tête et que je me bagarre. Et en rentrant, alors que j'avais pleuré comme une madeleine dans ma voiture, en rentrant je trouve une lettre de la clinique. Là mon cœur s'est arrêté. Ma bonne étoile c'est toi ? J'ai ouvert la lettre et dedans il y avait un très joli cadeau. Au milieu de tous les termes compliqués, les tampons, les dates, les signatures, les consentements, les règlements, j'ai vu un adorable petit 2. Bien dessiné, tout fier et fringuant, tracé à la main avec élégance au milieu de toutes ces lettres imprimées, il m'a presque ri au nez quand il a vu mes yeux tout rouges et mon teint tout chiffonné. Il m'a chuchoté : "Je suis ton signe, celui que tu attendais. Il y a pour toi, dans un grand frigo, 2 espoirs minuscules et figés qui t'attendent". 2 petits embryons. Là encore j'ai pleuré - je pleure beaucoup au cas où vous ne l'auriez pas encore remarqué - de joie cette fois-ci. Et ce soir, mes larmes ont arrêté de couler.
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