Urgences - Acte 2
Bon vous aviez raté l'acte 1 parce que j'avais voulu vous épargner mes terreurs de femme miraculeusement enceinte mais là, désolée, je compte bien vous mettre à contribution. Parce ce que là, j'ai vraiment très très peur et, qu'à part attendre et vous transmettre un peu mon angoisse, je ne peux rien faire d'autre.
Alors voilà l'histoire. Aujourd'hui, au petit matin, vers 6 heures, un terrible cauchemar me réveille. Je rêve que j'ai mal au ventre comme lorsque j'ai mes règles (c'est-à-dire beaucoup), comble de l'horreur, je réalise aussi que j'ai des pertes de sang. J'appelle alors les urgences, mais la personne qui me répond me dit qu'ils ne peuvent pas m'accueillir, qu'ils ont trop de monde, désolée.
Je me réveille en sursaut. J'ai à peine le temps de me dire, tout va bien ce n'est qu'un rêve, que la vilaine réalité me rattrape : j'ai VRAIMENT mal au ventre. Je cours aux toilettes, pas de sang. Je me bourre de Spasfon, en essayant de ne pas imaginer le pire. Tant bien que mal, je me rendors, mais quelques heures après la douleur est toujours là et l'angoisse...
On file aux urgences. Les secrétaires / infirmières font la gueule, oublient de récupérer le flacon d'urine qu'elles m'ont pourtant demandé de remplir il y a plus d'une heure. Le temps passe, j'ai mal, j'ai peur. Enfin on vient me chercher, mon amour est avec moi, comme toujours.
Un interne nous accueille, lui aussi tire la tronche. Il introduit le spéculum dans mon intimité. Son téléphone sonne... Non, il ne va pas faire ça ? Et pourtant si, il interrompt son examen et répond. Moi j'ai toujours le spéculum entre les cuisses, ça me fait mal et j'ai peur à en crever. La conversation est rapide, professionnelle heureusement, et l'examen reprend. Maintenant on passe à l'écho. Je tourne la tête pour ne pas voir ce que je redoute de voir. Et pourtant. Il me demande de regarder. Même sans le son, on voit son minuscule cœur battre. J'en ai le souffle coupé. C'est la deuxième fois que je le vois, mais j'ai les larmes aux yeux. Pourtant c'est toujours l'angoisse qui prédomine. Il est si petit, si frêle. Sa fragilité me terrifie.
Finalement l'interne me rassure. Tout va bien à l'écho. Seulement dans la seconde qui suit, il ajoute une petite information qui me serre le cœur à nouveau. J'ai du sang dans les urines. Il n'a pas l'air alarmé. Une analyse d'urine et des antibios et tout ira bien. Oui mais j'ai du SANG dans les urines. Je n'arrive pas à me sortir ça de la tête.
Je suis rentrée de l'hôpital vers 16h30, j'ai réussi à me détendre un peu. Mais ce soir la douleur est de plus en plus forte. J'ai vraiment très peur. Demain à 10 heures j'appellerai ma gynéco. En attendant, j'ai bien peur de passer la pire nuit de ma vie. Et je ne peux pas faire grand-chose à part attendre... et prier pour que cet être minuscule et son minuscule cœur continuent de vivre et de grandir en moi.